Pourquoi est-ce que j'ai fait ça. Je ne sais même pas où j'ai trouvé le courage de lui demander. Je me vois, hier soir, lui envoyer ce mail que j'ai tourné et retourné dans ma tête pendant des dizaines et des dizaines de minutes. Et je me vois cliquer sur le bouton 'envoyer' avant de le regretter. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de la voir. C'est juste que j'ai peur qu'elle soit déçue. Ca ne m'étonnerait pas vraiment qu'elle soit déçu de moi, d'ailleurs. Elle. Je suis excité de la rencontrer mais je stresse comme un dingue. La seule femme qui réussit à me faire revenir sur le droit chemin. La seule femme qui a un tel pouvoir sur moi. Parce que oui, elle essaye de me remettre dans le droit chemin... mais je l'écoute. Je fais ce qu'elle me dit. Je ne comprends pas trop ce sentiment. Et je dois dire que ça me fait un peu peur. C'est pour ça que je veux la voir. La rencontrer en vrai. Je ressens quelques chose d'étrange pour elle, cette femme derrière des mails, et je veux savoir si ça peut être quelque chose d'important.

Je suis arrivé en avance. Dix minutes en avance. Sur la grande place de Treadure Island. Je ne sais pas à quoi elle ressemble. Elle ne sait pas à quoi je ressemble. Je sens que ça va être difficile de se trouver. Et je n'ai pas pensé à lui indiquer comment je suis habillé ou quoi que ce soit. Je me maudis pour ça, d'ailleurs. Enfin... j'ai une rose. Oui, c'est probablement un peu kitch, mais je trouvais ça romantique ou... je ne sais pas. J'ai fait ça sans vraiment réfléchir. J'espère qu'elle ne trouvera pas ça ridicule.

Mon état d'esprit ? Je suis totalement en panique. Cela fait plus d'une heure que je cours partout dans l'appartement, en train d'essayer tout et n'importe quoi. Enfin, surtout n'importe quoi. A un moment, j'avais l'impression de ressembler à un clown, sérieusement. T-Shirt jaune fluo, slim vert, baskets rouges. La totale ! D'ailleurs, ma mère est arrivée à ce moment et elle s'est bien foutue de moi. J'ai évidemment changé de tenue. Je suis stressée depuis hier soir, depuis que le fameux garçon avec lequel je corresponds m'a proposé qu'on se rencontre pour la première fois. Je ne sais pas du tout à quoi il ressemble, mais je ne m'attends pas à un petit vieux de quatre-vingts ans. En fait, j'ai très peur. Ma timidité va revenir au galop, je ne vais pas réussir à aligner deux mots devant lui. Je n'avais même pas réussi à dormir la veille, pensant à lui, à notre première rencontre, à comment ça va se dérouler. Bref, je suis en stress total. Ce matin, je m'étais lavée les dents et le visage plusieurs fois, j'avais refait ma queue de cheval aussi plusieurs fois. Finalement, j'ai opté pour une robe blanche avec des petites bretelles qui m'arrivait un peu avant les genoux, et une veste légère noire. C'était simple, sobre et ... peut être un peu classe aussi. Je n'avais mis de collants, j'en avais pris une paire noire et mise dans mon sac blanc. Je tournais sur moi-même plusieurs fois pour m'assurer que ça allait. Ma sœur dirait que je ne suis pas trop moche comme ça, mais elle n'est pas là.

J'avais finalement opté pour une paire de ballerines noires simples. Ma mère serait là, elle me demanderait si j'ai une entrevue avec le président, ou un rencard. Enfin, bref. Je m'étais maquillée légèrement, parce que je n'aime pas les filles qui se maquillent comme des voitures volées. A chaque pas que je fais, mon cœur bat de plus en plus. Il se serre aussi. Le stress monte. J'ai envie de rentrer chez moi en courant. Je m'efforce de prendre de grandes bouffées d'air frais. Je vais y arriver, je vais y arriver. J'arrive sur notre lieu de rendez-vous, et c'est là que je me mets à douter. Comment vais-je le trouver ? On ne s'était pas donner de signe d'identification. Je me tape la tête doucement, je suis un vrai boulet sérieux. Je commence à marcher un peu partout pour essayer de le chercher, mais comme je le disais, je suis un vrai boulet, je rentre dans une personne. Je percute son dos avec ma tête baissée, et je recule. Je relève la tête vers l'homme (beau gosse en plus). « Excusez-moi, je... je suis désolée, dis-je, hésitante. » C'est dans ses moments là que je veux me cacher sous terre.

Je dois la rencontrer. Enfin. Je ne sais pas comment j'ai fait pour l'inviter, mais ce n'est certainement pas maintenant que je dois me dégonfler. J'attends que quelqu'un se manifeste. En même temps, je scrute toute la place pour trouver où elle est. au cas où... je ne sais pas, j'ai un flash ou n'importe quoi. C'est débile. Je commence à vraiment stresser et, apparemment, ça ne me réussit pas du tout. Je me trimballe, je fais les cent pas sur la place, mon espèce de rose à la main quand on me rentre dedans. Enfin, dans le dos. Je me retourne doucement, et je me retrouve face à une jeune femme. Elle est très jolie avec sa petite robe blanche. Elle a l'air toute timide, elle s'excuse, tête baissée. Je souris. Si on était dans un contexte différent, je m'empresserais de la draguer. Mais là... non. Je me retiens. J'en ai quand même envie, mais je sais que je dois contenir mes envies de dragueur. « Ce n'est pas grave, ne vous en faites pas. » Je la regarde un moment, elle a l'air toute apprêtée... je me demande si ça ne peut pas être elle, ma fameuse correspondante. Je connais son prénom. Mais je dois avouer que j'ai peur de le dire. Ca deviendrait vrai. « Est-ce que... est-ce que tu ne serais pas... euh... désolé de demander comme ça... mais... tu ne serais pas Betty ? » Je dois surement avoir l'air idiot mais tant pis. Qui ne tente rien n'a rien.

La journée commence très bien. La preuve, je percute un inconnu. Et en plus, je n'ai pas trouvé Charles. Je suis la reine des boulets. Je regarde l'inconnu de haut en bas, il doit faire facilement une tête de plus que moi, voire même un peu plus. Je me sens petite, c'est fou. J'ai juste envie de me fuir, mais étonnamment, il est compréhensif. Il me dit que ce n'est pas grave, que je n'ai pas à m'en faire. Un sourire gêné s'empara de mes lèvres, tandis que je le regarde. Quelques instants plus tard, il tente de me poser une question. On dirait moi, il y a des années quand je parlais avec un élève de ma classe. Je ne moque pas, évidemment, mais il me rappelle moi, et ça me fait un peu bizarre alors qu'il y a quelques instants, il était un peu plus sûr de lui. Et je comprends rapidement pourquoi il hésite. A la simple entente de mon prénom, je comprends. Le garçon que je viens de percuter est le garçon avec qui je corresponds depuis plusieurs mois. Charles. Ma gêne ne fait qu'augmenter, j'ai tellement honte de l'avoir percuté. Je ne sais même pas quoi dire, ni quoi faire. Je panique, mais malgré ça, je décide de lui répondre le plus clairement possible. « Euh..., Oui c'est moi. Tu dois être Charles... je suppose ? » Vu comment je parle, c'est vraiment pas gagner pour communiquer. Derrière un ordinateur, c'est tellement simple. Là, j'ai l'air d'une gamine de six ans qui rencontre un élève de sa classe pour la première pour faire ami-ami. Allez, Betty, ressaisis-toi. Je le regarde de nouveau de haut en bas, et je remarque rapidement la rose qu'il tient à la main, mais je détourne le regard. Cette rose est pour moi ? Et là, il y a une montée d'angoisse en moi. Je n'ai rien pour lui ! Ce n'est pas si grave, mais quand même un peu. J'essaye de paraître le plus détendu possible, même si c'est pas gagné. Je me contente de lui faire un grand sourire. « Si c'est le cas, je ... suis ravie de faire ta connaissance, enfin, physiquement, tu m'as comprise. » Je bafouille, j'espère qu'il m'a comprise, même si c'est sûrement pas gagné.

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive. Ce n'est pas moi, ça, de bégayer face à une femme. Je suis un séducteur, je ne bégaie pas, je ne suis pas nerveux. Pourquoi est-ce que je me conduis comme ça, putain. Reprends-toi, Charles ! Au bout d'un bon moment, la question fatidique réussis quand même à sortir de ma bouche. Là, j'ai l'impression que j'attends le jugement fatidique. Est-ce que c'est elle, ma correspondante. Est-ce que c'est elle, la femme qui m'intrigue tant. Celle qui me remet sur le droit chemin. Finalement, elle me répond. Betty. C'est elle. Elle est belle. Elle a l'air timide. Alors que je pensais que je serais moins stresser, ce n'est absolument pas le cas. Du tout. Elle essaye de me dire qu'elle est contente de me rencontrer. Je crois. Enfin, en vrai, je veux dire. « Je suis heureux de te rencontrer en vrai aussi... Je... tiens, c'est pour toi. C'est un peu kitch, désolé. Je savais pas trop... je voulais faire bonne impression, c'est la seule chose à laquelle j'ai pu penser. » Je lui tends la rose, et passe ma main sur ma nuque, un peu embarrassé de mon idée stupide. Un petit silence s'installe. Je la regarde. Peut-être un peu trop. Je la trouve vraiment jolie, elle est plus petite que moi, toute timide. Elle me plait. Elle me plait vraiment. Mais pas comme les filles que je ramène chez moi d'habitude. Elle, je sais qu'elle vaut mieux que l'homme que je suis - j'étais. Elle vaut mille fois mieux que ça. « C'est... un peu bizarre de se voir. Euh... ça te dit qu'on aille s'assoir à une terrasse ? Qu'on fasse... vraiment connaissance ? » J'espère sincèrement ne pas la faire fuir. J'espère qu'elle acceptera. J'espère que notre relation continuera même si nous ne communiquons plus par mail.

Je crois que je suis en train de torturer mes doigts. Je suis nerveuse, alors je touche à ce que je trouve en premier. Là je joue avec mes doigts et dans quelques instants, je vais jouer avec mes cheveux. Mais je sentais qu'il était aussi stressé ou nerveux que moi. Tandis qu'il me parle, il me tend la fameuse rose. Je souris quand il me dit qu'il voulait faire bonne impression. C'est gentil, et mignon aussi. Il voulait faire bonne impression. Je souris bêtement, mais je me reprends rapidement en prenant la rose. Elle est tellement belle ! Je penche ma tête pour pouvoir la sentir, et laisser mon odorat se faire envahir par cette douce odeur. Quand je relève la tête pour le regarder, je le surpris un peu embarassé, une main sur sa nuque. Je ne peux pas m'empêcher de trouver ça mignon. « Merci beaucoup, elle est magnifique. Mais... je suis gênée, je n'ai rien pour toi... » Je me gratte un peu la tête, signe de ma gêne. Pourant, je garde mon sourire aux lèvres, mais je détourne le regard quand il me regarde. Je suis un peu gênée. Encore. Quand il me reparle, je relève de nouveau la tête vers lui. Je ris doucement quand il me dit que c'est bizarre de se voir. Il n'a pas totalement tord ! Ensuite, il me demande si ça me dit qu'on aille s'asseoir pour discuter. J'ai vraiment envie de faire "vraiment" connaissance avec lui, alors ma réponse ne se fait attendre.  « Avec grand plaisir, Charles, j'en serais ravie, dis-je en le gratifiant d'un grand sourire, la rose toujours à la main. » Je semble un peu plus sûre de moi que tout à l'heure, alors que non. Ça me fait plaisir de discuter avec lui, en face à face, mais je suis terrifiée. Enfin, pas terrifiée, mais tellement stressée.

Ok, Charles. Reprends toi. Ce n'est qu'une fille. Tu en connais plein, tu as l'habitude de parler avec elles. Donc tu te reprends et tu retrouves ton assurance légendaire. La rose, ce n'était pas forcément une bonne idée, mais c'est trop tard maintenant. Aussi, elle a l'air d'apprécier. Je souris quand elle me dit qu'elle n'a rien apporté pour moi. Elle est trop mignonne. « Tu n'avais rien à m'apporter ! Après tout, c'est à l'homme d'offrir des fleurs, non ? » Je lui fais un petit sourire et lui propose finalement d'aller s'assoir à une terrasse. Elle accepte. En prononçant mon prénom. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'aime quand elle le dit. Je n'ai jamais été trop content de mon prénom, puisqu'il est assez vieillot. (Il est tout de même mieux que mon premier prénom.) Mais je le trouve plus agréable lorsqu'elle le dit. Je lui indique un petit café de la place et commence à marcher vers celui-ci, elle à côté de moi. Nous nous installons, et je commande une bière pression. Je la laisse choisir, puis je la regarde. Surtout pour essayer de trouver quoi dire. Qu'est-ce que je suis sensé dire, en fait. Putain, c'était quand même plus simple quand on parlait par mails. Je pouvais réécrire mes mails lorsque je les envoie. « Au fait, je trouve que tu es très jolie. C'est peut-être un peu déplacée, mais... enfin, voilà. » Je ne sais franchement pas quoi dire. Mais quand je la regarde, je vois bien qu'elle n'est pas très extravertie, et encore plus stressée que moi. Donc il va falloir que je me reprenne et que je fasse la conversation pour la détendre un peu. Pour qu'on parle comme on discute par mails.

J'enroule mon index gauche autour d'une de mes mèches de cheveux, tandis que, dans ma main droite, se trouve la jolie rose que vient de m'offrir Charles. J'étais un peu gênée, parce que je n'ai rien à lui offrir. Sur le coup, j'ai un peu peur qu'il se moque de moi. Quand il me répond, il sourit. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, il essaye de me rassurer. Enfin, je le pense, en tout cas. « Ce n'est pas faux, dis-je souriante. » Après cela, nous nous sommes dirigés vers une terrasse. Une fois installée, je pose mon sac sur mes genoux et la rose juste devant moi, sur la table. Je ne peux pas non plus m'empêcher de sourire en voyant la rose. Mais en même temps, qu'est ce que je peux me trouver bête quand je souris comme ça. Quand Charles commande, je décide de prendre simplement un diabolo grenadine. Je n'ai pas envie de prendre de l'alcool (en même temps, je n'ai jamais envie.) ni de boire un café (je serais surexcitée, et ce n'est pas l'effet recherché.) Je suis sûre qu'il est en train de se dire que c'était plus facile de s'envoyer des mails. Je le comprends, je passais beaucoup de temps à écrire ou réécrire mon mail, je voulais tout soit parfait. Là, je vais avoir vraiment du mal. Je regarde la rose tandis qu'il me parle, puis je relève brusquement la tête. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me complimente. Bon, je suis très contente qu'il l'ait fait, mon sourire et le fait que mes joues ont sûrement dû rosir en témoignent. « Oh, euh.. C'est gentil, merci. » Puis j'ai fais la connerie de vouloir faire de l'humour, bravo Betty. « Tu ne ressembles pas du tout au vieux de quatre-vingts ans que je m'imaginais. » Rattrape-toi, Betty, et vite. Je rejoue avec mes cheveux en le regardant. « Enfin... Je veux dire que tu es très beau. » Je relève la tête vers lui, sourire (très) gêné aux lèvres, mais je suis pourtant sincère. Il est très beau, et personne ne peut dire le contraire.

Cette première rencontre avec Betty ne se passe pas exactement comme prévue. J'étais sensé être sur de moi, gebtil, un peu charmeur et surtout, je devais faire des phrases correctes. Je ne crois pas que ce soit l'image que renvoie. Et, le fait qu'elle joue avec sa mèche de cheveux - sûrement par nervosité - et ses sourires timides, ses joues qui rosissent à un compliment ne font qu'accentuer ma panique. Elle me plait et j'ai l'impression que tout ce qu'elle fait et dit la rend encore plus adorable. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne suis pas comme ca, normalement. Je réagis en bon dragueur expérimenté. Là, j'ai l'impression de me retrouver au collège devant la première fille qui m'a plu. Totalement impuissant, ignorant et l'air idiot. Super.

Le serveur nous apporte nos commandes puis elle me dit que je ne ressemble pas à l'homme pervers qu'elle s'était imaginer. Je crois qu'elle n'était pas sûre de sa blague puisqu'elle rajoute derrière qu'elle me trouve beau. Je souris et lâche un petit rire. Sincère. « Je te remercie. Je sais, je n'ai pas beaucoup de rides pour mes 80 ans ; la chirurgie esthétique fait des miracles aujourd'hui. Et j'ai toujours fait très jeune. » Je prends le ton de la plaisanterie, pavanant caricaturalement. Ma blague n'est probablement pas drole, mais j'espère quand même qu'elle va d'entendre l'atmosphère nerveuse qui stagne depuis le début. Je souris, et prends une gorgée de ma bière avant de relancer la conversation sur un sujet plus... sérieux. Et surtout plus intéressant que mon faux âge avancé. « Tu es... étudiante en littérature si je me souviens bien ? C'est ça ? Tu étudies à l'université de St-Petersburg ? » C'est déjà-vu comme sujet de conversation, je sais. Mais on est sensé faire vraiment connaissance. Se dire (ou redire) les choses de vive voix. Alors il faut bien commencer quelque part. Autant partir dans le classique !

Je dois arrêter, sérieusement. Je crois que c'est moi qui le rend nerveux, à me toucher les cheveux comme ça. Je n'arrive pas à m'arrêter. Quand je stresse, je réagis toujours en me touchant une partie du corps : souvent les cheveux ou les doigts. Je dois arrêter mes sourires gênés, je dois laisser ma timidité de côté. N'empêche, j'ai l'impression qu'il m'aide à "vaincre" cette timidité, à me détendre. Je lui en suis reconnaissante, au fond de moi. Quand nos boissons arrivent, je tourne doucement mon thé pour que ça infuse tout en le regardant. Je sais que mon humour peut laisser à désirer, mais il a ri. Il a ri. Je l'ai fais rire, malgré tout. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, j'avoue je suis contente. Il blague à son tour, et je ne peux pas m'empêcher, de nouveau, de rire. Doucement, je sens que mon angoisse et ma nervosité s'envolent. Je commence vraiment à me détendre. Un sourire radieux est affiché sur mon visage. « En effet, quels miracles ! Ça te donne l'impression d'être plutôt bien conservé. » Attendez. C'est moi qui vient de dire ça ? Mais qu'est ce que je suis drôle, haha ! (je suis ironique envers moi-même, faut le faire.) Mais je suis très sérieuse. Il est vraiment beau, le genre de gars dont toutes les filles rêvent. Enfin, je crois. Avant de commencer à boire mon thé, j'enlève le filtre et le pose sur ma soucoupe, près de ma tasse. Je la porte à mes lèvres et bois mon thé, tandis qu'il me pose des questions (dont il connaît les réponses). Néanmoins, je comprends sa démarche. Comme on se l'était dit, on faisait vraiment connaissance. Alors, il part sur un point de départ. Je pose ma tasse et m'avance en posant mes bras sur la table. « C'est ça, tu as bonne mémoire pour ton âge dis donc ! » Bon. Trêve de plaisanteries débiles, Betty, t'as pas dix ans. (d'âge mental, peut être!) « Oui j'étudie à l'université de St-Petersburg, et toi, tu es bien étudiant en art non ? » Je connais bien évidemment la réponse, après tout... « Enfin, suis-je bête, c'est grâce à ça qu'on s'est "rencontrés"., dis-je en mimant des guillemets. » En effet, c'était grâce à notre passion commune pour l'art que nous nous étions rencontrés. (même si je préfère davantage la photographie aux autres arts). Je me recule de nouveau contre le dossier de ma chaise et porte ma tasse encore à mes lèvres. Je me détends, sourire aux lèvres. Le thé m'aide, et lui aussi m'aide.

Je ne crois pas qu'elle soit stressée. Je pense qu'elle est surtout tétanisée. Je ne suis pourtant pas si impressionnant que ça. Enfin, je pourrais toute de même comprendre qu'elle est peur de ce dont je suis capable. Après tout, si elle n'avait pas été là, je finissais mort dans la baignoire d'une maison inconnue après une beuverie dont je ne me souviendrais jamais. Donc, je peux comprendre qu'elle ait peur de cette personnalité. Mais, auprès d'elle, ça n'arrivera jamais. Vous savez, certaines personnes pensent que Dieu les guident vers le droit chemin. Moi, mon dieu... bah c'est un déesse. Betty. Et je ne suis pas sûr de très bien réaliser encore qu'elle est assise en face de moi, buvant un thé. D'ailleurs, je la regarde beaucoup. Je l'admire, presque. Elle me parait tellement irréelle. Une femme n'a jamais eu un tel impact sur moi. Mes soeurs ont essayé mais ça n'a jamais vraiment eu d'effet. Et ne parlons pas de ma mère. Betty est la première femme qui réussit à me faire faire ce qu'elle veut. Et, j'avoue, ça me fait un peu flipper. Pourtant, quelque part, ça me plait.

Je l'écoute me dire qu'elle est bien à l'université de la ville où elle étudie la littérature ; et me demande confirmation de mon statut étudiant également. Je souris. Je pense, là, que c'est grâce à elle que je suis toujours étudiant. Je n'allais plus en cours, je n'allais même plus aux examens. Et, grâce à elle, j'ai retrouvé les bonnes habitudes ; elle m'a aussi redonné goût à l'art. À tous les arts. C'est une sensation que je n'avais plus ressentie depuis longtemps. Elle m'avait manquée. Je suis bien heureux de la retrouver enfin.« Je suis bien en études d'art. Grâce à toi, je m'y suis remis. Sinon... je ne sais pas trop où je serais actuellement. » Je fais un petit rire. J'essaye de rester... pas indifférent, mais... désintéressé de mon passé (pas si passé que ça) de grand fêtard. Je veux qu'elle voit que je suis quelqu'un de responsable. Je ne sais pas pourquoi l'avis de cette fille sur ma personne m'intéresse tant. Je crois que je ne supporterais pas de la décevoir. Je crois que si elle me demande de sauter d'un pont pour elle... je le fais. « Et tu voudrais faire quel métier après tes études ? »