J'haletais. Mes mains étaient moites et mon corps comme engourdi. Mes jambes, surtout mes jambes. C'était comme si je ne les sentais plus. Comme si celles-ci ne pouvaient plus me soutenir. « Aal ! » Je ralentissais, marchais puis m'arrêtais, pour finalement presque me recroqueviller sur moi-même. Les mains sur mes genoux à moitié fléchit, j'essayais de réguler ma respiration et pourtant, c'était comme si l'air ne voulait plus s'immiscer à l'intérieur de mes poumons. J'inspirais, expirais et ce, plusieurs fois de rang. J'essayais de reprendre mes esprits, de reprendre le contrôle de ce corps qui me semblait si meurtrit et pourtant, je n'avais pas même la force de lever le regard sur mon amie. Cette amie qui sûrement devait bien rire de me voir ainsi.

Voilà trente minutes environ que nous avions débuté notre course et pourtant, tout mon être me donnait l'impression d'avoir couru un marathon, sûrement même deux. Excès, là était la raison pour laquelle j'étais si essoufflée, si fatiguée. Oui, excès. Trop d'excès. Sortie, alcool, cigarette. La sportive que j'étais pouvait-elle se le permettre ? Non. Indéniablement pas et pourtant, je m'en fichais. A chaque gorgée ingurgitée, j'haussais les épaules en me disant qu'une seule n'allait pas me tuer. A chaque bouffée inhalée, je levais les yeux au ciel en me disant que cette simple fumée ne pouvait avoir quelconque effet néfaste sur moi si toutefois je n'en abusais. Mais j'en abusais. Et là était le problème. Chaque week-end, mon esprit se laissait pervertir par toutes ces choses funestes qu'était les produits illicites. Chaque week-end, je me laissais entraîner dans ces vices auxquels chaque jeune cédait. Ou peut-être m'y emmenais-je moi-même. Sûrement même ces états dans lesquels je me mettais n'étaient que besoin inconscients devenus conscients avec le temps. Oui, peut-être n'étais-je finalement pas raisonnable, ni même responsable. Et sûrement avais-je bien mérité de suffoqué depuis deux minutes dans ce parc noir de monde. Aux yeux de tous. Aux yeux de cette femme d'âge mure qui sûrement se disait que les jeunes n'étaient plus ce qu'ils avaient été. Aux yeux de ces deux jeunes hommes qui peut-être m'avaient vu la veille dans l'un des bars du centre-ville et devaient se demander comment je pouvais ne serait-ce que tenir debout aujourd'hui. Et surtout aux yeux d'Aaliyah, vers qui je levais finalement la tête. « J'suis morte ! Un mètre de plus et tu pourras commencer à appeler les secours. » Je n'arrivais réellement à définir avec précision ce que voulait présentement laisser transparaître son faciès, mais la vérité était que je n'en avais que faire, car toutes les parcelles de mon corps ne me hurlaient qu'une seule chose : rentre chez toi et vautre toi sur ton canapé.

Son amie rigolait. Rigolait tellement que s'en était communicatif. Et voilà qu'elle prenait Avalon, bras-dessus bras-dessous, comme on porterait un blessé de guerre, ou même une petite vieille. La brune avait un point de côté, le genre de douleur qui pousse à l'abandon, qui n'a pour seul effet que de donner l'envie de s'asseoir, s'allonger, ne plus bouger et pourtant, elle riait. Riait encore, accentuant ce mal dans le bas du ventre. Toutefois, elle inspira une bonne fois, puis expira lentement. Pour stopper ce fou-rire, mais aussi pour rependre ses esprits, ou plutôt pour trouver la force d'avancer, même si le simple fait de savoir que l'entraînement était terminé pour aujourd'hui lui redonnait du courage. « Tu parles, t'es pas mieux et pourtant tu bois moins que moi ! » Était-ce vrai ? Aaliyah n'était définitivement pas la dernière lorsqu'il s'agissait de s'amuser, mais Avalon était quant-à elle toujours la première. Oui, la première, celle qui appelait tout le monde lorsqu'elle s'ennuyait afin de prévoir une soirée, une sortie, n'importe quoi pour occuper son temps. N'importe quoi, tant qu'il y avait quelque chose à boire. Mauvaise habitude qu'elle traînait depuis maintenant des années, mais après tout elle était jeune, elle pouvait bien s'amuser. Puis, si elle ne le faisait pas maintenant, quand le ferait-elle ? Sûrement jamais. Ou peut-être toujours si elle continuait à ne pas penser à l'avenir.

Les deux filles marchaient à présent jusqu'à la villa d'Aaliyah, joli petit endroit en bord de mer, incomparable avec l'appartement d'Avalon, situé en plein coeur de la ville. La brune détacha ses cheveux, pour finalement les relever à nouveau de manière plus soignée que précédemment, avant de rajuster sa brassière noire qui laissait largement apercevoir son ventre et du finalement fourrer ses mains dans les poches de son bas de jogging. « J'tuerais pour une baraque comme ça. » Quoi que non, au fond, elle n'aimerait pas habiter là. Trop calme, trop en retrait. Pas si loin de l'agitation de la ville, mais trop loin tout de même. Non, ce qui plairait à Avalon, c'est d'avoir une maison comme celle-là pour faire des soirées. De la place, une piscine, vue sur la mer. Que demander de plus ? « Il est là ton frère ? » Petit regard malicieux, sourire en coin inconscient. Pourquoi elle posait la question ? Par habitude sûrement. Même si tout dans la bouche de la brune sonnait comme tendancieux.

« MAXIMEEEEEE » Hurlait alors la brune, prenant son amie au mot. Un fou-rire s'en suivi, pour la simple et bonne raison qu'Avalon était consciente que même en hurlant du plus fort qu'elle le pouvait, il était fort peu probable que le frère de son amie l'entende. A moins bien-sûr que par le plus grand des hasards il se trouve dans le couloir, ou à moins d'une dizaine de mètres de là, mais visiblement il n'en était rien puisqu'aucune réponse ne se fit entendre.

Moins d'une minute après, les deux filles étaient déjà séparées, soucieuse de se laver. En effet, impossible de sortir sans un ravalement de façade, d'autant plus après le sport. Femmes fatales en tout temps peut-être, mais il ne fallait pas abuser. Alors, c'est sans se faire prier qu'Avalon s'était dirigée vers l'une des salles de bain de son amie et avait fait couler l'eau pour se glisser en dessous. Shampoing, savon puis démêlant pour dompter ses cheveux bien souvent trop fougueux, même si bien-sûr en sortant elle mit tout de même un temps fou à leur enlever tous les noeuds. Oui, un temps fou, mais beaucoup plus rapidement qu'Aaliyah puisque la brune eu le temps de retourner dans la chambre de son amie choisir une tenue, s'habiller et même se sécher les cheveux avant que cette dernière ne revienne. Ainsi, s'est vêtue d'une robe moulante, noire, tout ce qu'il y avait de plus simple, mais définitivement sexy qu'elle s'était vautrée sur le lit de son amie, cinq bonnes minutes avant que cette dernière n'arrive. « Toi aussi, rien à redire ! » Répondit-elle alors au compliment que venait de lui faire Aaliyah alors qu'elle avait à peine mit un pied dans la chambre. Puis elle se levait, attrapant le fer à lisser que son amie lui tendait et commençait à lui séparer les cheveux afin d'y passer les plaques. Longs, mais pas si épais. Il ne lui fallut donc qu'une dizaine de minute pour venir à bout de la chevelure de la belle et moins d'une seconde pour qu'un nouveau fou-rire les prennent, sans prévenir, sûrement même sans qu'elles ne sachent pourquoi. « Qui sort ce soir ? » Demandait alors Avalon, tout en s'emparant de son propre smartphone laissé à l'autre bout du lit. Cinq messages. Le première d'un ami qui apparemment se languissait de la voir, les quatre autres de Curtis, visiblement peu satisfait par le temps que prenait la brune à lui répondre.  « T'as quelqu'un au fait toi en ce moment ? » Lança-t-elle alors, en décollant à peine son regard de son téléphone, occupée à répondre quelques lignes à celui qui avait visiblement décidé de harceler par textos.