j'ignore pourquoi et comment, mais voilà que je me retrouves sur le porche de la villa de ma meilleure amie en plein milieu de la nuit. il est tard, le soleil dors - comme tout le reste de la ville d'ailleurs - et je me gèle les burnes comme jamais. la soirée était bien arrosée et amusante, j'ai dansé comme une folle toute la soirée et j'ai abusé des hommes pour qu'ils me paient des shooters. au début, je m'éclatais et je ne me prenais pas la tête, sauf durant les dernières heures. d'un moment à un autre, j'ai commencé à me sentir frissonner, engourdi de tous les membres. j'ai du m’asseoir un moment toute seule dans les toilettes avant qu'une fille me retrouve. je me souviens lui avoir adressé la parole, mais pas de ce que je lui ai dis. puis c'est là que j'ai perdu le fil de ma soirée. je ne sais pas quand je suis sortie des toilettes, ni quand je suis arrivé ici. ni depuis combien de temps. mais je suis là, saine et sauve à fixer la porte sans oser cogner. je ne sais pas où nous en sommes entre moi et aaliyah. en fait, je ne sais pas où j'en suis dans notre relation et ça me fait peur. ça me fait peur de ressentir un petit quelque chose de plus que de l'amitié. peur parce que je n'ai jamais ressenti rien de tel pour une femme. et puis j'ai peur de ce qu'elle va dire en me voyant dans cet état là. peu habillé, les cheveux entremêlés et le maquille imparfait. je suis certaine d'au moins une chose, il y avait un truc pas net dans le dernier verre que je me souviens avoir bu. prenant enfin mon courage à deux mains, je cogne contre la porte et j'espère que ma meilleure amie soit là.

ma tête tourne, mais j'essaie tant bien que mal d'ignorer les bourdonnements dans celle-ci tout autant plus des frissons qui ne cessent pas de passer partout dans mon corps. j'ai envie de m'allonger et de me réchauffer, de boire aussi. je suis carrément déshydraté, j'ignore toujours comment je suis venue ici... à pied peut-être ? ça expliquerait la soif intense et le mal de crane qui me tracasse. debout devant la porte les bras croisés contre ma poitrine pour me réchauffer, je reste froide en voyant ma meilleure amie ouvrir, une petite aaliyah toute endormie encore. tout à coup, la culpabilité embarque et je commence à regretter de l'avoir réveillé à cette heure-là ; pourquoi ne suis-je tout simplement pas été chez moi ? j'ai pas envie de réfléchir à ça tout de suite, j'dois boire un truc. « est-ce que je peux entrer ? » dis-je sur un ton doux et calme, la voix tremblante à cause du froid et des frissons. durant un instant, je cru sentir des larmes monter, mais je les retint en inspirant doucement, sentant mes lèvres s'étirer en un semblant de sourire rassuré. « honnêtement je me sens pas très bien, j'étais à côté et j'ai cru ne pas pouvoir me rendre chez moi... et c'était ici le plus proche... » tentai-je de dire pour m'expliquer. « il faut que je boive la tête va m'exploser ! »

les frissons commencent de plus en plus à baisser d'intensité et je suis maintenant rassurée que ma meilleure amie me laisse entrer. avec son aide, je marche près d'elle jusqu'au salon où je prend place sur le sofa doucement en faisant attention de ne pas me laisser tomber, question de ne pas empirer le mal de tête ou de passer au travers. je lui souris du mieux que je peux lorsqu'elle me tend le verre d'eau. c'est comme-ci elle me donnait la vie à nouveau, ou plutôt un trésor enfoui au fond du désert après avoir marché durant des heures sans boire. je l'enfile d'un trait, sans respirer entre les gorgées. j'ai soif encore, mais ça fait tellement du bien. je commence à me sentir de mieux en mieux. en réalité, je me sens toute aussi minable mais au moins je suis assise et je ne risque pas de perdre connaissance. je suis ravie que mon amie soit là pour moi, et qu'elle prenne soin de moi comme ça en plein milieu de la nuit. elle est magnifique même avec ces yeux fatigués qui voudraient que dormir. lorsqu'elle se lève pour aller à la salle de bains, je la regarde s'éloigner puis je ferme les yeux un moment. la tête adossé contre le sofa bien enroulée dans ma couverture. je me réchauffe tranquillement et je reprend peu à peu mes esprits. je suis certaine d'avoir été droguée, mais au fond je m'en fiche. je le prend comme une erreur à ne pas refaire. ma meilleure amie me sort de mes pensées au moment où elle se ramène avec des vêtements. je lève les yeux sur elle et lui sourit. un sourire plus enjoué que tous les autres avant. « merci aaliyah, sans toi je sais pas où je serais en ce moment ! » dis-je avant de lui faire un signe négatif à sa question. non je n'ai pas faim, je suis loin d'avoir faim. selon moi, ça prendras quelques jours avant de regagner l'envie de manger, si je me fis à mes anciennes expériences. je profite de ce rapprochement pour fermer les yeux à nouveau, la serrant contre moi. malgré moi, je la quitte des bras pour me lever doucement et l'accompagner jusqu'à l’extérieur. mes pieds se mettent à patauger dans l'eau, le regard vide et sans émotion. « tu peux aller te recoucher si tu veux, j'voudrais pas que tu pourrisse ta nuit à cause de moi ! je peux m'allonger sur une chaise de plage et rentrer chez moi plus tard ! » lui proposai-je en la regardant, mal à l'aise.

sans m'en rendre compte, j'avais transporté avec moi mon verre d'eau. sans avoir vraiment dans l'idée de le boire. je l'ai tout simplement là, à côté de moi et je n'y accorde aucune attention. pourtant, ma gorge pique, j'ai les lèvres sèches et je boirais la piscine au complet à la paille. seulement, je suis trop concentrée sur ma meilleure amie, à attendre sa réponse pour pouvoir aller m'allonger. mon regard avait dérivé vers le sien alors qu'elle m'observait du coin de l’œil, le sourire aux lèvres. en un instant de seconde, je me sentis de mieux en mieux, oubliant les événements de la veille. elle a toujours cette manie de me faire sentir mieux, ça m’énerve... positivement. j'ignore pourquoi, mais je détourne le regard lorsqu'elle se lève pour s'étirer - je me concentre pour ne pas la regarder faire en fait - et me contente de me lever à mon tour, oubliant de ramasser mon verre près de la piscine. prenant place à ses côtés, je la détaille du regard seulement au moment où elle rajoute CE petit bout de phrase. celui à lequel je ne m'attendais vraiment pas. hésitante, j'hausse les épaules et penche la tête sur le côté, passant une main dans mes cheveux. « c'est toi qui vois, je peux très bien dormir 2-3 heures sur le sofa... je vais pas crever ! » dis-je calmement, sur un ton doux. ma tête tourne de moins en moins, et les frissons sont presque disparus - ça c'est une bonne nouvelle.

comme je m'y attendais, elle refuse que je dormes sur le sofa. dans un sens, ça me soulage parce que je vais assurément mieux dormir dans un lit. mais dans un autre, je me demande si ce n'est pas parce que j'ai envie de dormir dans SON lit. je soupire intérieurement à cette idée, pas trop en état de me mettre à penser à ça. de plus, j'suis certaine que ce n'est pas grand chose. je me prend la tête pour rien. c'est ma meilleure amie, normal que je l'aime. je la suis donc dans sa chambre, habituée à l'endroit. après tout, ce n'est pas la première fois que j'y mets les pieds. mais pour dormir, si. et je n'ai pas l'habitude de dormir chez les autres, je déteste ça. j'espère que ma meilleure amie voudras rester avec moi. je détaille la chambre rapidement avant de prendre place sur le lit, poussant la couverture par dessus-moi. « ça me gêne pas que tu dormes avec moi tu sais ! » lui dis-je en réponse à son invitation. un sourire semble s'étirer sur mes lèvres pour une des premières fois depuis que j'ai quitté le bar. je me sens décidément mieux maintenant que je sens l'heure du dodo approcher. « t’inquiètes je ferai comme chez moi, j'ai pas l'habitude de me gêner hein ! » rajoutai-je, m'allongeant dans le lit avant de l'inviter à faire de même. « merci aaliyah »

des moments de ma soirée me revienne, alors que je suis bercée entre ma meilleure amie qui s'allonge en riant et la couleur du plafond. tout à coup, je ne regrette plus d'avoir réveiller aaliyah en pleine nuit, c'est mieux comme ça. je suis maintenant au chaud, et non perdue quelque part en train de faire un malaise. je me souviens avoir dansé avec un mec, puis une fille. je me souviens avoir accepté qu'elle me paie un verre, et d'être allée aux toilettes avec elle. et puis c'est là que ça me revient ; je lui ai laissé mon verre durant que j'allais pisser pour qu'elle le surveille et après, je me souviens pratiquement de rien. c'est donc là que j'ai perdu la map. - elle m'a drogué cette salope, merde. - je soupire silencieusement et me retourne finalement vers ma meilleure amie lorsque j'entend sa voix. je lui souris, encore et toujours et me retourne sur le côté, face à elle. « je vais quand même pas te chasser de ton lit ! » dis-je pour qu'elle reste près de moi. c'est la première fois que nous dormons ensemble, pourtant ça fait un moment qu'on se connais. je n'ai pas peur dans son lit, je me sens à l'aise de dormir ailleurs pour une fois. j'espère que j'en prendrai pas trop l'habitude.

mes yeux commencent petit à petit à se faire sentir lourd. très lourd. je sens que la fatigue veut prendre le dessus, mais je lute. je lute parce que je suis trop bien en présence de ma meilleure amie. je lute parce que son visage me donne le sourire, même dans l'état où je suis. je lute parce qu'au fond, je ne veux pas dormir. je veux passer la nuit à parler et à rire. mais mon corps me l'empêcherait, je suis beaucoup trop épuisée par ma soirée. malgré tout, je crois que j'ai passé un beau temps. je crois aussi que je dois retrouver cette fille pour lui dire deux mots, ou trois. je n'arrive toujours pas à croire qu'une fille aie pu faire ça. droguer une autre fille dans un bar. je croyais que seulement les mecs avaient le génie de faire ça. je me suis donc trompé. peut-être que je devrais commencer à changer ma façon de penser envers eux. lorsque sa main frôle la mienne, je la prend. je la serre doucement et l'apporte vers moi, de façon à ce que je puisse lui laisser un petit baiser. « à plus tard ! » lui dis-je pour ne pas lui souhaiter bonne nuit. c'est rendu le matin maintenant, la nuit est définitivement finie et la journée commence. je garde sa main dans la mienne, puis je me laisse partir dans un sommeil bien mérité.