âge 20 yo. date de naissance 28 Décembre 1994 lieu de naissance San Francisco, USA. nationalité Américaine orientation sexuelle Hétérosexuel, voire bi quand j'vois plus très clair. statut civil Electron libre. statut financier Laborieux. métier ou études Chanteur itinérant. Keskyà ? j'chante dans la rue et alors ? à mes heures perdues, j'essaye quand même de finir mes études de journalisme. avatar choisi Samuel Larsen crédits Shibaya & Jacage (a) et Tumblr (g).

pseudo/prénom Nina/Syowa. âge Dix-sept, bientôt, j'pourrais boire légalement, maggle. ( :c ) pays Belgique présence 5/7. comment tu nous a trouvés ? Bazzart ( what else ? ) et il te plaît, notre forum? Non, pas du tout, j'ai eu pitié !  un dernier mot ? J'veux beaucoup de pin-co     

L'amour rend con et aveugle.
« On n’a rien sans rien » était l’expression favorite de ma mère, elle en était la personnification. Je mettais toujours dit que cette phrase était dépourvue de sens, mais, au fond, je savais qu’elle avait raison.
Ma mère, Astrid, était une femme forte et aimante. Elle n’avait pas fait de grandes études, mais elle travaillait avec tellement de persévérance que son salaire gagnait en nombre chaque année. Sa seule erreur fut d’épouser mon père, John, un bon à rien taciturne. Mais ayant perdu ses parents quand elle n’avait que douze ans, la seule chose qu’elle désirait était une famille. Alors, quand cet homme lui a dit qu’il l’aimait, elle n’a pas pensé une seule seconde dans quel pétrin elle s’engageait. John avait arrêté ses études à seize ans et jusqu’à ce qu’il rencontre ma mère, avait travaillé comme ouvrier partout où on voulait bien de lui. Son penchant pour l’alcool était déjà bel et bien présent, mais cela n’inquiéta pas ma mère. Elle avait la naïveté de croire en « la force de l’amour ».
Ils emménagèrent ensemble et elle tomba enceinte de leur premier enfant, Cara, ma grande sœur. Les choses allaient encore bien à cette époque. Ma mère se reposa tranquillement pendant son congé de maternité et mon père reprit laborieusement le travail. À ce moment-là, je ne peux en vouloir à ma mère d’avoir sincèrement cru en John. Mais dès lors qu’Astrid recommençait à travailler, John feignit une maladie et fut à nouveau licencié. Il sombra un peu plus dans l’alcool et rapidement, se montra comme un père absent. Il rentrait tard, mort-plein. Attention, il ne leva jamais la main sur Astrid ou Cara. Car aussi pitoyable soit-il, il les aimait, véritablement. C’était juste un mec paumé, qui n’arrivait pas à se reprendre en main, comme il y en a tant de nos jours.
Cela ne les empêcha pas de « me mettre en route » deux ans plus tard. C’est aussi à cette époque que la leucémie de Cara fut diagnostiquée. Ma mère, toujours aussi naïvement, décida de me garder. Elle se sentait capable de mener de front la leucémie de sa fille et la naissance d’un nouvel enfant. Le traitement de Cara commença très rapidement. La fillette, bien qu’affaiblie, le supporta. Elle avait sans aucun doute hérité de la force de sa mère.
Comme attendu, mon père ne se révéla pas d’une grande aide. Il ne reprit même pas le travail cette fois. Il se contentait de rentrer pour décuver. Et ma mère trimait. Elle décida de prendre un deuxième boulot, de nuit, en noir, afin de pouvoir assurer le traitement de Cara et continuer de travailler malgré les six mois de grossesses qui arrondissaient son ventre. Elle accoucha un soir glacial de décembre, seule. Cara n’était pas loin, mais ne devait même pas se rendre compte de ce qui se passait. Mon père était sans aucun doute à deux rues de l’hôpital, dans ce bar nommé « the boating wave ».


Tu es le seul à pouvoir rendre tes rêves, réels
Dans un premier temps, ma vie fut un long fleuve tranquille. C’était l’époque où je ne me rendais pas compte du prix de mon bonheur. Je ne me rendais pas compte d’à quel point ma mère devait travailler pour payer mes leçons de solfège et de violon. Je savais juste que cela la rendait heureuse de me voir interprété l’Ave Maria de Schubert avec autant de justesse. Alors, je continuais de jouer l’enfant niais et insouciant. Je feignais de ne pas voir l’état déplorable de mon père, l’aspect cadavérique de ma mère. À mes yeux, ils étaient tout-puissants : il était impossible qu’ils s’effondrent.
Ma seule source d’inquiétude était Cara. Elle avait beau être mon aîné de deux ans, je devins rapidement un frère surprotecteur. Quand on parlait d’elle, je devenais comme un lion en cage. Sauf que ma cage à moi, c’était cette maladie qui la rongeait. Notre amour était au-delà des mots. Ce n’était pas cet amour bancal dans lequel la plupart des gens se complaisent. Le mot amour me semble d’ailleurs bien pauvre et impur pour exprimer ce que j’éprouvais pour elle. C’était un abandon de l’un pour l’autre, une sincérité sans condition, un besoin obsessionnel d’être auprès de l’autre. Rien d’incestueux, pas de désir ou de colère, juste une relation fusionnelle que peu de gens étaient capables de comprendre.
Mais même si je faisais semblant de rien voir, je faisais mon possible pour rentrer le plus tard possible à la maison. Après mes leçons de musique, je trainais dans les rues les plus luxueuses de San Francisco. J’aimais m’y perdre et imaginer la vie qu’on aurait eue, Cara et moi, si on avait vécu dans une de ces fières maisons victoriennes. Puis, je redescendais dans les quartiers plus sombres. Là-bas, les gens me souriaient de toutes leurs dents – c’est-à-dire, trois ou quatre. Et même si je rêvais de jours plus glorieux, je n’ai jamais méprisé cette partie de ma vie. La seule chose que je détestais était cette boule qui venait se loger dans mon estomac chaque fois que je pénétrais dans mon « chez-moi ». Ma mère venait généralement rentrer et se préparait pour son deuxième job. Mon père, à mon plus grand soulagement, était présent. Et quand son traitement le permettait, Cara m’accueillait d’une étreinte qui me faisait tout oublier.
La vie aurait pu continuer sur cette voie, personne n’aurait rien eu à redire : on avait tous appris à la supporter. Mais c’est toujours quand on commence à se plaire dans la vie qu’on mène, qu’elle décide d’effectuer un tournant à trois cent soixante degrés pour aller se fracasser de plein fouet dans un mur. Je venais d’avoir quatorze ans quand ma mère s’effondra, terrassée par une rupture d’anévrisme.
Un chaos sans nom s’installa dans le petit ménage. Mon père était perdu. Personne ne s’attendait à ce qu’il prenne les choses en main de toute façon. Avec le recul, je me rends compte que je n’ai pas hésité une seule seconde de reprendre la relève de ma mère. Moi, ce garçon pas très sérieux et frivole, s’engageait dans une petite boulangerie du quartier. La patronne, qui connaissait bien ma mère et qui connaissait notre situation m’accepta immédiatement malgré mon jeune âge. Je travaillais autant que je pouvais : je me levais tôt pour travailler avant d’aller en cours et dès que ceux-ci étaient terminés, je travaillais jusqu’aux premières heures de la nuit. Entre-temps, j’avais abandonné le violon, qui me rappelait trop ma mère et m’était tourné vers la guitare. Car malgré mes problèmes, il était impensable que j’abandonne la musique. N’ayant cependant plus les moyens de payer les cours de l’académie, j’avais décidé d’apprendre via internet et quelques bouquins.
Ce ne fut pas facile, mais s’eut le mérite de me mettre un peu de plomb dans le crâne, même si parallèlement, j’avais développé un certain talent pour ignorer la douleur des autres. J’avais l’impression d’être tellement mal, que les petits soucis du quotidien des autres me semblaient ridiculement puérils. À part Cara, rien n’avait d’importance.
J’avais dix-huit ans quand Cara entre, enfin, en rémission. Il n’y a pas de mot pour exprimer mon soulagement à cette époque. C’était comme voir la fin d’un interminable tunnel noir et suintant de pourriture.
D’un accord tacite, on travailla d’arrache-pied dans un but commun : partir d’ici et nous installer quelque part ailleurs. Tout conviendrait à partir du moment où c’était loin d’ici. Il nous fallut un deux ans de privations pour rassembler de quoi acheter une voiture qui tienne la route et un appartement en Floride, à St-Pete, le rêve de Cara. Et pour moi, une ville pareille, c’était aussi une chance de réaliser mon rêve : devenir un artiste, un vrai.