Maja ▽ Harrison

Aujourd'hui était un samedi comme les autres : Alex avait escaladé la clôture de son jardin pour venir la réveiller. Son frère l'avait embêtée. Sa mère et son père lui firent des éloges sur ses dernières bonnes notes... Enfin, un samedi normal. Elle s'en allait vers la ville. Elle devait passer à l'université pour y déposer son exposé, car, malade la veille, elle n'avait pu l'apporter à temps. Elle s'était donc arrangée. Elle détestait être en retard. Un trait qu'elle tenait de sa mère et que celle-ci lui rappelait chaque matin avec tous les autres "bons" traits. Parce que quand la jeune fille faisait un faux pas, ça venait toujours des gênes de son père. Maja, ça la faisait rire. Elle devait penser à d'autres choses comme ses études, son copain... Lui, d'ailleurs. Elle restait coincée sur le fait qu'il ne voulait pas mettre de raison sur son refus de dévoiler leur relation. Bien sûr, elle lui disait n'en avoir avoir rien à faire, que ça ne la dérangeait pas... Mais, dans le fond, ça la tracassait. Et si elle n'était pas assez présentable ? Alex lui parlait beaucoup de ses parents et de sa mère. Ils semblaient avoir l'air de gens très respectables. Pourtant, c'était Maja qui avait cette appréhension, il y a maintenant quelques semaines, aujourd'hui, les rôles s'inversaient. Ou alors, est-ce qu'il la trompait ? Rien qu'à y penser, elle en frissonnait. Elle se l'était jurée : une fois pas deux. Puis cette fois, Elwin, son frère ne ferait pas le poids contre Alex et sa musculature très bien développée, cette fois. Lui qui l'avait défendue une fois, se porterait volontaire, bien sûr, mais elle ne voulait pas devoir encore recouvrir l'oeil au beurre noir de son frère avec un morceau de steak surgelé. Malgré tout ses efforts pour repousser cette pensée dans le plus sombre des recoins de sa tête, elle persistait, apportant, en plus, des questions auxquelles, quelques minutes avant, elle avait la réponse. Voilà. Elle était encore retombée dans le doute. Plus elle avançait vers l'université, plus ses esprits devenaient flous. Elle s'arrêta quelques instants, le temps de faire le vide dans sa tête. Les paupières close, elle ne pensait plus à rien. Quand elle les rouvrit, elle eut une vue imprenable sur le campus de l'université. Elle vérifia sa tenue : un jean retroussé aux chevilles, des Converses blanches, un top jaune et une veste classique noire. Elle avait fait simple autant pour sa tenue que sa coiffure. Elle avait tressé sa longue crinière blonde et s'était contentée d'ajouter un collier en harmonie avec la tenue. Elle s'avança d'un pas rassuré vers l'amphithéâtre où se déroulait son cours d'économie. Dans sa main droite se tenait un devoir qui chamboulerait considérablement ses notes de ce trimestre. Bien qu'elles soient excellentes, Maja fait toujours mieux. Elle ne peut que s'améliorer. Entra dans la salle, elle n'y trouva personne. Elle se résolut à chercher son professeur dans les différentes classes autour de l'amphithéâtre, qu'elle ne trouva pas. Après avoir faire le tour des classes, elle se posa dans l'une d'elles, à bout de souffle. Elle s'assit sur un des bancs déposant ses feuilles quand elle entendit les charnières de la porte grincer. Elle se releva sur le champ. "Qui est-ce ?"

Maja ▽ Harrison

C'est pas le copain à l'autre pute ? fut la première phrase qui lui vint à l'esprit. Voyant le jeune homme et sa guitare se poser à ses côtés, elle dégaina son sourire typiquement hypocrite, dévoilant ainsi sa dentition parfaite. Elle se leva, tournant autour d'... D'Harry ? Non. C'était Harold ? Non, non. C'est...Harrison. Ils avaient toujours été dans les mêmes classes mais ne s'étaient jamais adressés la parole. Elle s'était décidée à jouer un peu. Elle savait se défendre, et très bien même. Franchement, cette histoire de primaire avec Karla c'était tellement gamin. Mais Karla était une gamine, c'était un fait. Cette histoire remontait à la venue de Maja en Amérique. Elles avaient sept ans mais avec sa chevelure blonde et son accent, Maja devint le centre d'attention des amis de Karla, s'accaparant les amis de la jeune fille. Celle-ci ne lui à jamais pardonné et s'en sont suivi coups bas et humiliations. Depuis cette époque, elles sont en guerre constante et Maja vit qu'elle continuait à "recruter" des gens dans son camp, tel en primaire. Elle se mît à rigoler intérieurement. "Salut, Harrison, comment vas-tu ? Ça fait longtemps !" Son sourire hypocrite aux lèvres, elle parla d'une voix changée, pour lui faire comprendre qu'elle ne l'aimait pas vraiment. "Comment va ma chère amie Karla ?" Le pire dans l'histoire, c'est que c'est Karla qui a tout provoqué avec pudding. Maja avait un nouveau sac qu'elle adorait : rose. Enfin, le fait qu'il était rose était le plus important. Et Karla, y avait versé un pudding au chocolat. Irrécupérable, Maja dit le jeté. Pour se venger, pendant la sieste, Maja avec collé les cheveux de Karla... Et de là, tout est parti, et 12 ans après, elles se détestent toujours autant. 

Maja ▽ Harrison

 Maja s'était arrêtée de tourner. Elle était à présent face à son interlocuteur, un sourire amusé au coin des lèvres. Harrison était assez à son opposé, il n'était pas de ceux qui levaient la main pour répondre aux questions en primaire, contrairement à elle ou Karla, qui s'arrachaient les cheveux pour pouvoir répondre et montrer leur intelligence. Ils s'étaient parlés, quelques fois. Elle le connaissait de nature assez calme et ça n'avait changé. En cinquième, elle avait quelque peu craqué pour lui. Elle adorait ses cheveux et son sourire et ce, pendant tout une année. Aujourd'hui, il sortait avec Karla, quel comble. "Me foutre de ta gueule ? Moi ? Un peu." Elle se mît à rire doucement, repoussant une longue mèche blonde. "Cela fait depuis... La terminale qu'on ne s'est plus parlé, m'enfin, jusqu'à lors, c'était tellement bref." Elle se posa à ses côtés. Quand elle le vut s'énerver, elle ne haussa pas un sourcil et se contenta de lâcher simplement : "En fait, je t'aime bien. Mais..." Elle se retint de faire une bourde. Ce qu'elle allait dire, Harrison ne le méritait pas. Après tout, c'est à Karla qu'elle en voulait. E le ravala sa méchante parole et continua d'une voix calme et posée : "Effectivement, enfin, tu sais, comme quand on était potes avant. Mais, tu sais, Karla croirait que je te tournes autour. Tu sais comment elle est..." Elle soupira bruyamment avec un air triste exagéré. "De toute façon, j'ai..." Elle s'arrêta au bon moment encore une fois. Elle avait failli révéler sa relation avec Alexander, ce que Harrison se serait empressé d'aller raconter à sa chère copine et franchement, elle se passerait bien de ça. Car Karla allait parler de sa relation avec le jeune homme et Maja allait sortir les crocs... Ça allait vraiment mal finir. Elle croisa ses jambes et finit sa phrase quand le vent lui chatouilla les bras, la faisant frissonner.

Maja ▽ Harrison

 Maja avait sourit intérieurement, elle avait compris son juron en espagnol. Elle lui répondrait plus tard, pour l'instant, ils parlaient d'autre chose. On en venait aux garçons. Maja avait une interdiction formelle de traîner avec les copains de Karla. Ce qu'elle ne lui disait jamais, c'était que "ses" copains étaient tous ses exs. Mais elle se gardait bien de le lui dire. Elle pensait à comment réagirait Karla, si elle savait que sa meilleure ennemie et son petit copain étaient dans la même pièce. D'un coup, son imagination représentation Karla, le visage rouge tomate, ce qui lui fit esquisser un sourire. Elle remarqua les fenêtres grandes ouvertes et la porte qui ne tarderait pas à fermer, sous le coup des courants d'airs. Elle se retourna face à Harrison et regarda longuement sa guitare avant de relever la tête. "Je ne sais pas. C'est dur de faire confiance à quelqu'un, ici." Elle haussa les épaules avec une expression enfantine sur le visage et regarda sa guitare. Elle était jolie. Maja savait que Harrison chantait, elle avait souvent vu ses vidéos dans son fil d'actualité Twitter. Elle n'avait pourtant jamais été voir une de ces chansons. "Ne te gêne pas !" Elle émit un sourire amusé suite à sa remarque. Ni sarcastiquement, ni hypocritement, elle souriait vraiment. "Oh, puis, Harrison ? Dios mio! Mantiene sus vulgaridades!" Littéralement traduit par : "Mon Dieu, retient tes vulgarités". L'espagnol était la langue où, avec le chinois, elle n'avait plus d'accent. À force de s'entraîner, elle avait acquis un excellent niveau d'espagnol sans accent. Toute fière, elle se mît à lui sourire à pleine dents.